4- Notre remontée vers le Haut Atlas


12 avril : Nous quittons Mhamid vers 10h par la "Route aux 1000 Kasbahs" en direction de Zagora où il fait 33° à 12h. Nous poursuivons vers Agdz.

Le long de la route, de nombreux paysans vendent leurs dattes aux touristes de passage. Comme nous suivons le cours du Drâa, nous longeons une immense palmeraie verdoyante, à l'ombre de laquelle poussent les différentes cultures maraîchères, ainsi que les fourrages pour les bêtes. Ce très long ruban vert contraste beaucoup avec la couleur de la terre ou de la roche (ocre et brun).

Cette route est un axe très important pour les transports commerciaux et touristiques de Marrakech vers Ouarzazate, Zagora et Mhamid (au Sud), ou Agdz et Merzouga au S-E, ou encore vers les gorges du Dadès, du Drâa, Er Rachidia, Erfoud et Merzouga à l'Est. Nous y rencontrons beaucoup de zones de travaux gigantesques pour l'élargir, construire des ponts, couper des virages en taillant dans la montagne, et refaire le revêtement. Dans quelques années, inch Allah, ce sera vraiment super !

Bien sûr, nous n'avons pas vu les 1000 Kasbahs, et beaucoup d'entre elles, qui furent très belles, sont maintenant en piteux état, car leur réfection en pisé coûterait trop cher. Dommage pour le patrimoine historique du Maroc !

Arrivés à Agdz, nous retrouvons Hassan, une vieille connaissance, qui nous offre le thé de bienvenue, et avec qui nous discutons 1h. Puis nous faisons quelques achats, et nous nous installons à 17h30 au camping "Kasbah de la Palmeraie" où nous passerons la nuit.

 

13 avril : Nuit calme. Nous nous dirigeons vers Ouarzazate. La route est très belle encore, avec des paysages superbes, et il y a très peu de circulation. Nous arrivons vers midi, nous faisons des courses et nous nous installons au Camping Municipal. Nous re-faisons des confitures de fraises, et nous ré-organisons le c-car, en regroupant les dons qu'il nous reste à distribuer dans la suite de notre périple.

 

14 avril : Nuit calme. Nous prenons le bus pour passer la jounée en ville (Ouarzazate). Nous visitons la Foire Artisanale où nous voyons de belles choses dans les différents stands. Christian va chez le coiffeur, puis nous allons manger chez "Al Bajah" un resto excentré où il n'y a presque que des marocains. Le service a été rapide, les assiettes bien garnies étaient délicieuses, et qui plus est, étaient TRES bon marché !!!

Après cela, retour en centre-ville où nous allons "donner nos  corps à la science" pour un prix abordable : massage relaxant d'1h  à l'huile d'argan (très bien fait !), puis séance de réflexologie et d'épilation des sourcils pour Colette et Nicole. Pour continuer notre belle journée, nous commandons 4 thés à la mente à la terrasse d'un bistrot. Nous rentrons au camping en bus. Le vent monte, on doit manger à l'intérieur du c-car.

 

15 avril : Avant de quitter Ouarzazate, nous faisons le plein de carburant, quelques courses et du change à la banque. Nous passons devant la magnifique kasbah d'Aït Behaddou (que nous connaissions), et continuons vers Télouet par une vallée berbère encaissée.

Nous y voyons de nombreux villages ou hameaux accrochés sur les pentes, des maisons troglodytiques dans les falaises et, en bas, des jardins bien cultivés le long de l'oued en eau. Autour de nous, les sommets à plus de 1900m sont encore (peu) enneigés. Les 11 derniers km de la route se transforment en piste large, en "tôle ondulée" non goudronnée: il faut rouler au pas. Nous avons le temps de regarder les montagnes couvertes de sapins, les mines de sel le long de l'oued, et nous arrivons à Télouet, petit village qui abrite une vieille Kasbah presque à l'abandon. Une association locale tente de la préserver, mais nous pensons que ce sera difficile pour elle seule. Nous visitons les 2 pièces magnifiques de cette kasbah, c'est tout ce qui en reste ! 

A la sortie du village, nous apercevons un terrain plat jouxtant une maison. Nous frappons à la porte et nous demandons au propriétaire l'autorisation d'y bivouaquer, ce qu'il nous accorde immédiatement, avec le sourire. En remerciement, nous lui offrons chaussures et vêtements d'enfants et d'adultes.

Le vent froid redevient assez fort : repas indoor et coucher tôt !

 

16 avril : Nuit très calme, mais glaciale. Au réveil, ciel bleu et soleil. La température remonte assez vite.

Depuis 5h (du matin), chacun s'affaire dans les champs, un homme s'occupe de l'irrigation près de chez nous: il ouvre ou bouche les canaux d'irrigation pour que chacun ait sa part d'eau glacée de la montagne. Nous partons vers 9h30 sans avoir revu nos "logeurs", pour grimper le col du Tichka (2260m). La route est belle avec quelques passages difficiles, par contre, la descente est en travaux, avec beaucoup de poussière.

Vers midi, arrêt sur un terrain de foot à 100m de la route pour manger. Après le repas, je fais 2 malaises: je tombe en syncope comme une chiffe molle (soleil brûlant ?) sur le terrain. Un marocain en voiture m'a vu m'effondrer. Il fait 1/2 tour pour voir si nous avons besoin de quoi que ce soit, et nous laisse son n° de tél au cas où !!! Sympa, non ? Les marocains nous surprendront toujours ! Au bout de 20 mn, tout est en ordre, je reprends mes esprits et le volant pour aller dans la vallée de l'Ourika, au Sud de Marrakech.

La route est étroite et bondée de touristes marocains à pied, à mobylette, en voiture, bus, triporteur ou taxis. L'un d'eux, très pressé, se faufile entre le c-car et une voiture, et me frotte tout du long avec son pare-chocs ! Quel c..., celui-là ! Heureusement, pas de casse, mais on a eu peur...

Pendant près de 10km, la circulation est démente, chacun voulant passer le 1er (en descente et en montée) tout en klaxonnant. Et puis, il y en a qui se garent en gênant tous les autres, ceux qui sortent de leur parking et qui bloquent aussi tout le monde, les gros bus de 60 personnes qui passent on se demande comment, enfin bref, une épreuve à vivre durement !

Cependant, des enfants vendent des arums sur le bord de la route, les cerisiers, amandiers et pommiers sont en fleurs, les terrasses au bord du torrent (ou dans l'eau) sont bondées de gens détendus qui dégustent des tajines odorantes, sous des saules pleureurs... Nous atteignons tant bien que mal un parking où nous garons les 2 c-cars pour 2 nuits, j'en ai raz la casquette !  Alors, apéro, repas (que je régurgite aussitôt près du torent !), et dodo...

 

17 avril : Nuit calme, le parking s'est vidé la nuit, nous sommes seuls. A 10h, Rachid, un guide de montagne, nous attend pour une randonnée dont le but est de voir 7 cascades, dont la 7ème est très haute. La rando fut super, on n'aurait pas trouvé le chemin seuls, le guide nous aidait dans certains passages un peu dangereux et la montagne environnante, très haute, nous livrait des paysages superbes.

De retour au torrent, à midi, nous nous installons dans un restaurant, réservé lors de notre départ le matin.  Les tajines poulet-citrons confits ne furent hélas pas à la hauteur. Nous avons donc exigé un thé à la menthe en dédommagement. Petite promenade digestive pour faire passer le poulet insipide, et achat de quelques bijoux berbères. La circulation sur la route est toujours aussi intense, quelques nuages décorent le ciel et cachent le soleil, le vent est très frais.

 

18 avril : Nuit calme, ciel bleu, soleil. Nous partons à 9h30 pour l'Oukaïmeden, station de ski au pied du Toubkal (4089m). Lors des 27km de montée, nous voyons dans la montagne de nombreux villages berbères dont les habitants cultivent en terrasses bien vertes (ici, il y a de l'eau partout !). Poussent aussi des cônifères, des figuiers, des figues de barbarie et des cactus. Les arbres fruitiers sont en fleurs , ainsi que des iris violets. A 2400m, on commence à voir des névés. Sur les derniers km de montée, la route est en travaux, et on passe parfois de justesse entre les gros engins de chantier et le ravin ! Nous arrivons à la station à 2635m. On sort des c-cars avec nos grosses doudounes et nos capuches pour braver le froid ! Nous voyons des télésièges, des remonte-pentes, et le local de l'école du Club de Ski Alpin français.

A midi, repas DANS le c-car ! Un peu plus tard, les nuages arrivent et nous masquent les montagnes. Mais vers 15h, le ciel se dégage à nouveau et nous décidons de prendre le télésiège pour grimper sur le sommet. Au fur et à mesure de l'ascension, bizarrement, la température se réchauffe et nous ouvrons nos doudounes. Du haut, le paysage est magnifique avec des névés (mais moins de neige que d'habitude). D'une table d'orientation, nous avons une vue à 360° sur les plus hauts sommets du Maroc. Nous sommes abordés par des gens qui nous proposent de louer des skis ou des luges pour prendre des photos, mais nous déclinons.

Au retour, au pied du télésiège, nous dégustons des beignets comme goûter, et en rentrant au c-car, nous buvons un thé chinois que nous avaient offert Virginie et Pierre à Souchez.

 

19 avril : Nous avons allumé le chauffage pour la nuit, qui a dû être très froide puisqu'au lever, il fait 5 à 6° dehors !

Le ciel est bleu et le vent s'est calmé, le soleil nous réchauffe peu à peu.

Nous partons ce matin vers Marrakech. Il nous faut redescendre les 27km de route parfois en travaux. Dans le bas de la vallée, je me rends compte que mon essuie-glace ne fonctionne plus, la barbe ! Mais il fait sec...

50km plus loin, Marrakech nous accueille avec sa circulation démoniaque, ses bruits et ses odeurs. Nous cherchons, en centre-ville, la clinique dentaire où Nicole fera une "panoramique" et consultera le dentiste pour la suite à tenir. Elle n'a pas d'infection, juste une inflammation, mais il lui faudra être prudente et envisager des soins à son retour à Calais !

Puis nous cherchons un concessionnaire Fiat pour examiner mon essuie-glace. Verdict: il est à remplacer car sa carte électronique est grillée. MAIS il n'y en a pas en stock, et une commande ne serait pas livrée avant 20 jours !!!

 

Du 19 au 25 avril : Nous rejoignons comme prévu les cousins de Colette chez qui nous passons plusieurs jours dans leur belle villa, à 18 km de Marrakech. Halte très agréable, qui nous permet aussi une escale technique. Nicole et Christian nous attendent dans un camping au sud de la ville.  Nous les rejoindrons lundi 25.

Un petit-cousin de Jean-Paul nous téléphone pour dire qu'il est à Marrakech avec sa femme et une fille, du 21 au 28, et nous propose de le rencontrer. Nous consacrons la journée de samedi. Nous nous baladons dans le souk, mangeons ensemble au resto à midi, et sur la place Jemâa El Fna le soir. Très folklorique, mais onéreux !

Dimanche, nous invitons les cousins de Colette au resto. Le couscous est excellent, mais le cadre et le service nous déçoivent, dommage...

Lundi, nous les quittons à 10h pour rejoindre Nicole et Christian dans Marrakech. Nous nous garons sur un parking à 10mn de la place Jemâa El Fna pour y passer la nuit.  Puis nous partons pour une bonne balade dans les souks et sur la place.

A 18h30, nous avons rendez-vous avec Salwa, la cousine de Youssef (de Tata) près des calèches. A son arrivée, nous partons chez elle en bus, à 5 km, pour faire connaissance de toute la famille. L'accueil est très chaleureux, comme toujours au Maroc. Nous discutons jusqu'à 22h15, puis nous prenons congé. Malheureusement, le dernier bus passe devant nous sans s'arrêter. Salwa téléphone à son beau-frère qui vient nous chercher vers 23h avec sa voiture pour nous reconduire à nos c-cars. Encore une belle journée de passée !

26 avril : Nous partons à 9h30 vers Azilal, à l'Est de Marrakech. La circulation est quasi nulle sur une route rectiligne, un peu monotone, dans une plaine de cultures céréalières, maraîchères et d'oliviers.. Nous voyons de nombreux moulins à huile. Puis le paysage change: la plaine fait place à des collines avec quelques troupeaux de chèvres et moutons. Lors de notre halte de midi, un monsieur vient au c-car nous offrir des olives noires et vertes de sa production... Nous poursuivons vers Demnate. La végétation change, avec des cactées de toutes sortes. Puis nous attaquons la montagne, avec des amandiers, des cônifères et des figues de barbarie. Les sommets au loin sont enneigés. A Azilal, nous apprenons que vers la "vallée heureuse" (notre destination), se déroule une grande fantasia à Aït Mhammed. Nous décidons d'y aller aussitôt.

La fête attire une foule immense dans un petit village. Je pense qu'il y avait une centaine de chevaux, tous richement harnachés, montés par des cavaliers en costume et armés de fusils anciens à poudre noire (moukhalas).

Alignés à une extrémité de l’arène — ou de ce qui en tient lieu —, les cavaliers lancent leurs montures ventre à terre et, la bride tenue d’une seule main et font tournoyer leurs fusils au-dessus de leurs têtes. Arrivés presque à l'autre extrémité, ils se lèvent comme un seul homme, saisissent leurs moukhalas d'une ou deux mains, arment et tirent de concert, à l’avant ou à l’arrière, en direction de la terre ou encore en l’air, puis s'arrêtent net, le tout se faisant dans un nuage de poussière et de fumée. Les salves ainsi tirées par les cavaliers portent le nom de baroud. Les femmes répondent à ces performances par de stridents "youyous" d’encouragement et de satisfaction.

Nous avons observé plus de 10 évolutions, puis nous sommes partis en c-car bivouaquer 3 km plus loin, au calme, dans une clairière, le long de la rivière. Mais la fête a continué jusqu'à 22 h (nous entendions les tirs de loin).

 

27 avril : La nuit a été calme, ce matin le ciel est bleu, le soleil chauffe. Nous quittons notre bivouac à 9h30 pour la vallée des Aït Bouguemez, surnommée la "vallée heureuse". Avant d'y arriver, nous voyons des champs chargés de coquelicots, des pins d'Alep, des thuyas, des chênes verts et des amandiers. L'habitat berbère est clairsemé. Nous montons jusqu'à 2250m. Dans les hameaux, les maisons traditionnelles sont accrochées à la montagne au dessus des  cultures en terrasses en bordure de l'oued. Dans la vallée, sont cultivés noyers, pommiers, orge, pommes de terre et fourrage. Beaucoup de gîtes accueillent les touristes marocains ou étrangers.

Nous bivouaquons près de Tabant, nous y serons tranquilles.

 

28 avril : Nuit calme, mais fraîche. Au réveil, les 9° nous incitent à chauffer le c-car pour la toilette ! A 9h30, nous partons escalader une colline cônique au sommet de laquelle se trouve un agadir (grenier collectif) fortifié, construit autour d'une sépulture de Sidi Moussa, saint toujours vénéré. Du haut de cette butte, nous avons une vue circulaire sur toute la vallée. Nous sommes accueillis avec le thé de bienvenue, et nous visitons en écoutant les explications très intéressantes du guide.

 

Après la descente, notre curiosité nous pousse à demander au gîte "Dar Itrane" si on peut voir les installations. Le gérant nous fait visiter son établissement, qui est très correct: salons, terrasses, belles chambres avec WC, douches et lavabo privés. Puis il nous invite  à prendre le thé, qu'il nous sert avec des petits gâteaux. Son épouse nous rejoint et nous apprend qu'elle est coordinatrice de l'action pour le développement, dans une association locale. Les objectifs sont l'éducation des femmes (et par-delà, des enfants), leur autonomie financière grâce à des travaux de tissage et autres, et surtout la création d'une crêche. Nous reviendrons la voir l'après-midi pour lui apporter des vêtements et des chaussures d'enfants qu'elle répartira selon les besoins prioritaires de chacun. Merci encore à Claire et Ingrid, soyez sûres que vos dons seront bien utilisés !

 

Ensuite, nous partons à la recherche de traces fossilisées de pattes de dinosaures encore visibles dans la roche. Il nous faudra 1h de marche dans la poussière sur une route en travaux, pour voir peu de traces, difficiles à distinguer (on aurait pu marcher dessus sans les voir !). Au retour, repos, repas et dodo: la journée a été bien chargée !